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Publié le mercredi 31 décembre 2025

L'œuvre du mois de janvier

Nous connaissons peu de choses sur le contexte de la prise de vue de cette photographie, pas plus que nous n’avons trouvé d’informations sur cet incendie qui serait survenu à Paris en 1979. Nous ne savons pas non plus ce que faisait Claude Dityvon à cet endroit, à cet instant. Mais cette image définit peut-être sa manière d’être photographe ; ne pas s’attacher à documenter le sensationnel, mais s’offrir une liberté du regard – quitte à donner, parfois, l’impression d’être en marge de l’événement.

Claude Dityvon voit le jour à La Rochelle. Très tôt, il se passionne pour le cinéma et le sport, deux domaines qui influencent sa manière de regarder le monde. Après une jeunesse bercée par ces passions, il mène une vie de bohème à Paris de 1962 à 1967 – années marquées par l’effervescence culturelle et politique. C’est là-bas qu’il rencontre Christiane, sa future épouse, qui lui offre en 1967 un appareil photo Pentax. Ce geste marque le véritable début de son parcours photographique. Son premier sujet est le quartier populaire de Belleville, où il s’initie, seul, à la photographie. Au fil des rencontres, il commence à collaborer avec la revue Constellation, et décide de retourner à La Rochelle pour réaliser son premier grand reportage : la pêche au chalut. Il y documente avec une belle humanité la rudesse du métier de marin. Dans la même veine, il part dans le Nord de la France pour photographier les mineurs de Lens et les corons, toujours avec ce regard attentif à la réalité sociale.

Photographe engagé, Dityvon n’est pas pour autant, comme en atteste cette œuvre du mois, un reporter de l’instant ni un illustrateur de faits. Lors des grandes manifestations de Mai 68, il travaille en toute indépendance, sans mandat, sans volonté de publier immédiatement. Il capte les émotions, les gestes, les regards, il réalise « un état des choses ». Refusant l’anecdote ou le sensationnalisme, il s’inscrit dans une autre tradition photographique, plus contemplative et intuitive. Dans le prolongement des bouleversements sociaux de l’après 68, il fonde en 1972, aux côtés d’une poignée de photographes dont François Hers, l’agence Viva, pensée comme un véritable laboratoire d’idées photographiques. Le collectif se distingue des grandes agences de l’époque par son regard critique et novateur sur la société, s’éloignant quelque peu des diktats de la presse.

Dans les années 1970, Dityvon documente également des mouvements sociaux emblématiques, comme les grèves chez Lip. Il renoue ensuite, dans les années 1980, avec sa passion d’enfance pour le sport. Il suit de près l’équipe de basket du Limoges CSP donnant naissance au livre Basket, publié en 1983. En 1994, il photographie également le club de football Red Star 93. En 1985, il entame une collaboration avec Les Cahiers du Cinéma à travers le projet Album de tournages, qui documente les méthodes de travail de dix réalisateurs sur leurs plateaux respectifs. Son exploration du monde culturel se poursuit lorsqu’il photographie, accompagné de son épouse, 59 auteurs de bande dessinée. Une grande rétrospective à la Maison Européenne de la Photographie en 1993 consacre son œuvre couvrant la période de 1967 à 1993. En 2002, il part à Zanzibar, dont il rapporte des images d’une douceur feutrée, où l’on perçoit sa capacité à traduire l’essence d’un lieu à travers les jeux d’ombres et de lumière. Peu après, il suit les traces de Rimbaud en Afrique, aux côtés de l’écrivain Jeancolas. Ensemble, ils empruntent le chemin que le poète avait parcouru en 1886, dans l’actuelle République de Djibouti.

Cette œuvre du mois rappelle la capacité de Claude Dityvon à composer ses photographies à la manière de petits théâtres ou de chorégraphies minutieusement agencées, invitant le spectateur à balayer l’image du regard et à déambuler d’un détail à un autre. Une liberté de composition mais aussi du regard, propre à celui qui aimait se définir, comme il le confiait en 1994 dans les colonnes du journal Le Monde, tel un « hybride d’Henri Cartier-Bresson et de Robert Frank ».

Claude Dityvon, Incendie Stadium, Paris XIIIème, 1979, Paris, 1979. Épreuve à la gélatine argentique, tirage tardif, 28,5 x 43,2 cm. Coll. Musée de la Photographie MPC 2018/148.2