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Publié le mercredi 01 décembre 2021

Œuvre de décembre

Le point de départ de la série Paradise City fut la découverte, il y a une quinzaine d’années, par Sébastien Cuvelier d’un journal de bord de son oncle relatant son voyage vers Persépolis en 1971. Inspiré par ce récit et les diapositives qui l’accompagnent, le photographe va suivre les traces de feu son oncle et se rendre en Iran.


Si son premier voyage suivait celui de son oncle et s’arrête à Persépolis, les deux suivants, guidés par une envie de davantage découvrir les autres cultures, permettront à Sébastien Cuvelier de rencontrer et de se mêler aux locaux. Ce sont principalement les jeunes qui retiendront son attention et avec lesquels il partagera de longs moments. Une jeune génération qui rêve d’une échappatoire qui oscille entre la nostalgie du passé et les tentations de l’exil vers l’Occident. Le photographe propose une vision subjective de ce que pourrait être cet Iran fantasmé à travers leur regard. Avec une approche presque métaphorique (et une grande attention au travail de la lumière), il tente de décrire par le biais de l’image ce paradis inaccessible et onirique, cette quête utopique d’un ailleurs.


L’œuvre du mois présente une partie de la ville de Pardis (signifiant « Paradis » en farsi), située à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Téhéran. Il s’agit de la phase 11 du développement de cette ville planifiée. Une ville décrite aujourd’hui comme « fantôme » étant donné qu’il n’y a toujours aucun signe de vie et que les travaux semblent suspendus. L’idée de départ (dont les plans rappellent ceux de la « ville radieuse » du Corbusier) consistait à construire dans ce paysage aride une communauté prête à l'emploi, équipée de toutes les commodités : transports publics, hôpitaux, écoles et parcs. Un projet qui lui aussi peut sembler aujourd’hui assez utopique.


L’ensemble de la série Paradise City – appréciable dans son entièreté dans le livre éponyme publié chez GOST BOOKS – propose un Iran romantique voire poétique, un regard bien différent, bien plus doux, que celui qui vit dans l’imaginaire collectif. Un Iran qui se rapproche peut-être davantage de celui connu par l’oncle du photographe, un Iran idyllique d’avant la révolution de 1979.



Acquise récemment, cette photographie faisait partie de la sélection de tirages présentés lors d’une exposition au Théâtre National à Bruxelles – en collaboration avec le Musée de la Photographie. Cette exposition n’aura pas eu l’occasion d’être vue par les spectateurs, la saison du théâtre ayant dû être avortée en octobre 2020 suite à la crise sanitaire. L’exposition vivra cependant quelques jours fin mars 2021 uniquement pour les artistes ayant décidé d’occuper (pacifiquement) l’espace pour réclamer la réouverture des lieux culturels.

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Sébastien Cuvelier, de la série Paradise City, Iran, 2017. Tirage pigmentaire jet d’encre d’époque, 80 x 120 cm. Coll. Musée de la Photographie MPC 2021/17.23 © Sébastien Cuvelier