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Publié le lundi 01 mars 2021

Œuvre de mars

L’œuvre du mois que nous ne vous montrerons pas…
À défaut de pouvoir poster la photographie Le froid sur la peau de Lucien Clergue, nous avons opté pour une description plus approfondie de l’œuvre. 
Et si toutefois l’envie de la découvrir est forte, il vous restera à pousser les portes du musée pour vous y confronter.

Evoquer en quelques lignes la vie de Lucien Clergue n’est pas chose aisée, tant est riche l’histoire de cet homme co-fondateur des Rencontres Internationales de la Photographie à Arles, premier photographe entré à l’Académie des Beaux-Arts de France, professeur, artiste, ami de Picasso, de Cocteau et de bien d’autres personnalités du monde artistique. Initié à la photographie à l’âge de 15 ans, il quitte son travail « fixe » pour se consacrer entièrement à son art dès l’âge de 25 ans. Il ne cessera dès lors d’explorer, de produire, d’échanger, de valoriser, de faire rayonner la photographie tout au long de sa vie. La ville d’Arles, la tauromachie, les gitans, les nus, les charognes, les paysages camarguais sont autant de sujets traitéspar Lucien Clergue au fur et à mesure des années. 

À propos de ses nus, Lucien Clergue raconte, dans une émission enregistrée par la télévision française en 1983, son désir d’exalter la beauté des corps. Il dit son souci de ne pas tomber dans les « pièges » du nu : la vulgarité, le pornographique, le douteux… Il demande à ses modèles de ne jamais porter de bijoux, de ne pas se maquiller, privilégiant toujours le dépouillement. Il cadre également son image pour que le visage de ses modèles n’apparaisse pas dans le champ. Une manière pour lui de mettre en avant l’universalité des corps. 

Le froid sur la peau est issue du portfolio Genèse, lui-même accompagné d’extraits du recueil Amersdu poète français Saint-John Perse que Lucien Clergue rencontre en 1965. Dans cette photographie, un corps de femme, nu, est mis en évidence. Il est à l’avant-plan de l’image, photographié de profil de manière à suivre les courbes naturelles des seins, du ventre, des hanches et des jambes du modèle. Nous ne voyons pas l’ensemble du corps, l’image débute au niveau du cou et descend jusqu’au milieu des cuisses. Il s’agit d’un plan rapproché sur ce corps avec une mise au point réalisée sur celui-ci. L’objectif est suffisamment proche du sujet pour que le grain de la peau et le frisson du corps apparaissent nets sur le cliché. Les vagues à l’arrière-plan sont floues et leur teinte plus claire crée un fond sur lequel se détache le corps étendu. Les contrastes d’ombres et de lumières qui courent sur la peau participent également à la mise en valeur des formes. Lucien Clergue aimait travailler l’été sur les plages, les jours de grand soleil, à la fois pour le confort de ses modèles et pour les lumières et les ombres dures créées par les rayons de l’astre. Il développait lui-même ses tirages, voyant dans le travail en laboratoire « un prolongement du plaisir photographique ». Le titre évocateur de la photographie renvoie au souvenir du soleil sur la peau et de la brise qui refroidit, par instant, le corps allongé.

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Lucien Clergue, France, 1934-2014. Le froid sur la peau. Photographie extraite du portfolio Genèse édité en 1973. France, ca 1960. Épreuve à la gélatine argentique. Tirage d’époque. Coll. Communauté française de Belgique, dépôt au Musée de la Photographie à Charleroi.